Pour la première fois depuis plusieurs décennies, le Sénégal, à l’instar d’autres pays, célébrera le mois de jeûne musulman, dans un contexte particulier de crise sanitaire. Il faudra désormais se préparer à un mois de Ramadan inédit, qui se déroulera entre fin avril et fin mai, donc en plein état d’urgence.
Les fidèles se priveront de toute espèce de nourriture et de boisson du lever du soleil au crépuscule, mais aussi de certaines habitudes du Ramadan.
Couvre-feu éventuellement à partir de 18h, 1h30 avant la rupture du jeûne
Il devrait être particulièrement éprouvant cette année, si le président de la République allonge la durée du couvre-feu pour mettre fin à la propagation rapide des cas communautaires. Un couvre-feu à partir de 18h, 1h30 avant la rupture du jeûne, c’est ce qu’a fait entendre le Chef de l’Etat vendredi, dans un entretien exclusif accordé à France 24 et RFI. Donc, il faut s’attendre à un réajustement des mesures en fonction de l’évolution de la situation du Covid-19 au Sénégal.
Le Ramadan qui doit commencer autour du 24 avril, devra se faire sans rassemblement. Les musulmans se verront cette fois-ci privés de certaines habitudes Ramadanesques à cause des restrictions liées à l’épidémie de coronavirus. Face à l’interdiction des rassemblements, les croyants adapteront leur culte et leurs célébrations aux mesures barrières.
Ramadan sans mosquée
Dès jeudi ou vendredi, des millions de musulmans vont jeûner de l’aube au crépuscule. Un mois béni de jeûne marqué traditionnellement par des veillées de prières jusque tard dans la nuit. Le plus dur sera, pour certains fidèles, l’impossibilité de se rendre à la mosquée pour les « Tarawih » (Nafila) pendant le mois de jeûne. L’absence de prières groupées quotidiennes du soir sera également un manque énorme pour les imams et fidèles. Ce sera regrettable de ne pas pouvoir communier. Les musulmans découvriront une nouvelle manière de vivre leur foi, en créant certainement des mosquées domestiques.
Le Ramadan a toujours été une période qui modifie les rythmes de vie dans des milliers de quartiers, les jeunes sortant à la nuit tombée, pour créer une animation peu commune et quelques perturbations à l’aube. Si le jeûne peut se pratiquer chez soi sans problème, il en est autrement de la traditionnelle vie nocturne durant le ramadan, où des jeunes ont l’habitude de sortir pour aller boire un verre et se retrouver. Le couvre-feu durant le ramadan sera certainement respecté, comme ce fut le cas avant. Et les gens passeront davantage de temps à regarder les traditionnelles séries spécial ramadan.
Pendant le mois de Ramadan, des Sénégalais musulmans rivalisaient d’ardeur dans l’accomplissement de bonnes œuvres et actions. Le « Ndogou populaire » était devenu la norme dans les quartiers à forte concentration mouride. Malheureusement, cette année, les opérations « Ndogou pour Tous » ne seront pas vécues comme habituellement. Il y a une possibilité de les vivre, mais autrement.
Pas de « Ndogou pour Tous »
Les Baye Fall ne pourront pas distribuer du « Ndogou » dans la rue, à l’heure de la rupture. Il n’y aura presque plus de jeuneurs en pleine circulation à l’heure de rupture, un peu avant 20h. Le ramadan a toujours été un moment de partage. Or, cette année, «ce sera chacun chez soi». D’ailleurs, les initiateurs de la « Marmite du cœur » se préparent à célébrer le Ramadan dans un cadre différent.
Pendant le ramadan, on préparait en effet des plats plus élaborés, la rupture du jeûne était l’occasion de recevoir famille et amis. Alors que le ramadan se profile, le confinement chamboulera toutes les habitudes. À cette période qui commence fin avril cette année, les communautés musulmanes seront obligées de s’adapter au confinement.
Compte tenu de la situation actuelle, les conférences religieuses ne pourront en effet pas s’organiser comme cela se faisait habituellement. Les fidèles musulmans ne vont pas se rendre au Cices, notamment, pour écouter les prêches de Oustaz Alioune Sall, Iran Ndao ou autres.
Des secteurs entiers vont donc vivre le Ramadan autrement. Tout comme les salariés, qui doivent conjuguer télétravail et jeûne. Le mois de jeûne a toujours été un créneau pour les entreprises sénégalaises. Certaines ont déjà choisi, depuis quelques semaines, le télétravail, une manière d’œuvrer plus efficacement chez soi, pour éventuellement limiter les déplacements.
Pour rappel, les malades atteints du Covid-19 ne sont pas tenu de jeûner cette année.
L’Aïd Al-Fitr, la fête de la fin du ramadan qui devrait avoir lieu fin mai, risque notamment de subir les conséquences de la crise sanitaire. Peut-être que, d’ici là, il n’y aura plus de couvre-feu. Evidemment l’espoir fait vivre…