La lutte sénégalaise est une tradition ancienne. A l’origine les combats de lutte opposaient deux villages, rassemblés autour de leurs guerriers, à la fin de la saison des pluies, lorsque les pêches et les récoltes furent abondantes. C’est une fête où chacun montre sa force. Le village gagnant repart avec des récompenses : bétail, part de la récolte…
La lutte sénégalaise est une tradition des peuples sérères comme les Sines, les Lébous ou les Wolofs. Au fil du temps, elle est devenue davantage un sport de frappe et s’est professionnalisée, et désormais les affrontements se font entre écuries et non entre villages.

Dans un cercle délimité par des sacs de sable, les joueurs se mesurent l’un à l’autre : le but est de faire coucher son adversaire sur le dos, de lui faire perdre l’équilibre ou de le faire sortir du cercle. Le combat dure deux fois dix minutes.
Outre la dimension sportive, la lutte sénégalaise ou lutte avec frappe, intègre une dimension culturelle et folklorique, où chaque combat est une mise en scène riche de chants et de danse. Pour ambiancer les lutteurs et pour intimider l’adversaire, les griots attitrés des guerriers, chantent leurs prouesses et dansent au rythme du tam-tam, de leur côté, les femmes dansent pendant toute la durée du combat.
L’aspect mystique n’est pas en reste, les marabouts accompagnent les combats de leurs incantations et de leurs sorts. Ils protègent les guerriers et isolent les mauvais génies. Leurs rituels commencent avant chaque match, et ils parent leur combattant de vêtements et de gri-gri pour leur porter chance. Cette part de tradition a été conservée et se retrouve de manière très prégnante dans les stades.
La lutte, un sport bien sénégalais
Sport national aux athlètes adulés, cette pratique professionnelle attire de plus en plus de jeunes sportifs et spectateurs, et plus récemment encore de célèbres occidentaux qui pratiquent les arts martiaux ! Tels que Juan Espino, « le Lion blanc » plusieurs fois sacré champion du monde et d’Europe de grappling, un type de lutte sans frappe où les combats se terminent souvent par des clés de bras ou des étranglements entrainant l’adversaire. Fabrice Allouche, surnommé « le sorcier blanc » champion de boxe pieds-poings des années 90, ou encore Aurélien Duarte, un des plus grands combattants de pieds-poings des années 2000.
Malgré la popularité de ce sport en Afrique de l’Ouest et l’engouement des occidentaux pour cette pratique, un débat s’installe. La lutte sénégalaise avec frappe serait considérée par certains comme étant trop violente, suite à un combat disputé entre les lutteurs Modou Lô et Eumeu Sène pour le titre de « roi des arènes ». Une consécration remportée en un éclair par Modou Lô, qui a précipité son adversaire au sol avec une violence qui a suscité une polémique chez certains spectateurs et adeptes du sport national.
La lutte sénégalaise vit-elle ses dernières heures de gloire ? Nombreux sont ceux qui regrettent que cet art de la lutte traditionnelle se perde dans la surmédiatisation !