Les grands joueurs de l’équipe nationale comme Sadio Mané ou Ismaïla Sarr sont passés par cette formation avant de continuer leur carrière en Europe.
Essoufflé, Fadilou Mbaye, 15 ans, dribble sur le bord du terrain avant l’arrivée du coach pour l’entraînement. Côté pelouse, une vingtaine de jeunes joueurs en tenue rouge se passent le ballon et tirent au but. « Les meilleurs footballeurs sénégalais sont passés par là. Je veux faire comme Sadio Mané, devenir professionnel et que ma mère soit fière de moi », lance le jeune homme, latéral droit dans l’équipe des minimes.
L’académie Génération Foot, située dans le village de Déni Biram Ndao, à 40 kilomètres au nord de Dakar, a vu passer les grandes stars de l’équipe nationale : Sadio Mané, Habib Diallo, Pape Matar Sarr ou Ismaïla Sarr, l’auteur du but décisif contre l’Equateur, qui a envoyé le Sénégal en huitièmes de finale du Mondial au Qatar.
Partout dans les locaux de l’académie créée en 2000 sont affichés les portraits de ces grands footballeurs qui font rêver les 117 jeunes actuellement en formation. A l’origine du projet, Mady Touré qui a voulu créer un centre « pour fournir de grands footballeurs au Sénégal ». Pari réussi : avec dix-huit joueurs sélectionnés en équipe nationale, le président de Génération Foot, à la fois centre de formation et club professionnel, se targue d’être l’un des « pourvoyeurs du football sénégalais ».
Partenariat avec les clubs de Nancy et de Metz
Après plus de vingt ans de travail, le club professionnel évolue maintenant en ligue 1 du championnat sénégalais et le centre de formation s’étend sur dix-huit hectares, avec deux grands terrains de foot, un troisième synthétique en construction, un internat et un lycée. Ici, les joueurs sont pris en charge gratuitement.
Pour financer ce projet, Mady Touré a dès le début compté sur un partenariat, d’abord noué avec le club de Nancy puis avec le FC Metz, qui l’accompagne encore aujourd’hui. « Puisque la FIFA a instauré une réglementation qui interdit les transferts de mineurs, j’ai pensé qu’il fallait un centre au Sénégal où les joueurs font leur préformation. Puis les plus talentueux continuent leur carrière au FC Metz quand ils ont plus de 18 ans », explique M. Touré. Le club français, lui, fait son choix en fonction de ses besoins.
Le partenariat est « gagnant-gagnant » selon l’homme d’affaires : d’un côté, l’académie sénégalaise bénéficie des financements messins pour offrir une formation dans de bonnes conditions. Et, de l’autre, le club français récupère chaque année deux à quatre joueurs, dont beaucoup ont ensuite été « bien vendus ». Certains ont même été transférés très rapidement après leur arrivée au FC Metz, comme Ismaïla Sarr qui est parti à Rennes au bout d’un an pour 17 millions d’euros.
Un rythme de travail intense
Pour donner un maximum de chances à ses jeunes, l’académie a adopté un programme afin que les joueurs montent en compétences. « Ils doivent gagner en vitesse et avoir des qualités techniques car le football est devenu très rapide », explique Bassouaré Diaby, directeur du centre de formation depuis trois ans. Un autre aspect touche aussi au mental, afin de s’assurer que les footballeurs pourront « jouer sous pression et ne jamais lâcher quand c’est dur ».
Fadilou Mbaye a donc très vite compris que le rythme de travail serait intense. « Je cours vite et je suis très technique, mais je dois travailler le physique car je ne suis pas très costaud. Je m’entraîne alors dans la salle de musculation avant d’aller sur le terrain », explique le jeune garçon, qui est en parallèle en classe de troisième et prépare le brevet de fin d’études moyennes.
Car moins de 5 % des jeunes de l’académie vont réussir à construire une véritable carrière professionnelle selon Mady Touré. « Nous insistons sur les études afin qu’ils soient diplômés et instruits », explique-t-il. Dans le lycée, soixante-sept élèves suivent les cours de la sixième à la terminale, avec un taux de réussite de 100 % au baccalauréat en 2021. « Nous proposons aussi des formations professionnelles dans la communication par exemple, pour leur offrir des débouchés », continue Mady Touré. Le défenseur Abdoulaye Fall Beye, lui, s’est lancé dans des études de commerce international en ligne : « J’ai eu mon bac ici et je voulais continuer mes études car il n’y a pas que le foot, qui est un métier très concurrentiel et aléatoire. »