Pleinement engagé dans la protection de l’environnement et de l’écologie , le Sénégal multiplie les initiatives et les dispositifs écologiques, que ce soit pour l’agriculture, la protection des eaux ou encore la préservation des forêts.
Récemment nommé à la tête de l’Agence sénégalaise de la reforestation et de la Grande muraille verte (GMV), Haïdar El Ali a une mission claire : l’ancien ministre de l’Environnement doit restaurer les forêts du pays et reverdir la partie sénégalaise de la GMV, cette initiative phare du continent africain pour lutter contre les effets du changement climatique et de la désertification.
S’étendant sur 7 600 km de long et 15 km de large, la Grande muraille verte relie l’ouest et l’est du continent, du Sénégal à Djibouti en passant par la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Nigeria, le Tchad, le Soudan, l’Érythrée et l’Éthiopie.
Depuis le lancement du projet en 2008, 40 000 hectares ont été reboisés sur les 817 500 que le Sénégal s’est engagé à restaurer. Le reboisement devrait permettre de multiplier par vingt la densité de la forêt tout en « multipliant les ressources » et les « dérivés économiques », explique Gilles Boetsch, responsable de l’Observatoire hommes-milieux international Tessékéré (OHMI). De son côté, l’Agence nationale sénégalaise estime à 75 le nombre d’emplois directs et à 1 800 le nombre d’emplois indirects que la GMV a permis de créer chaque année.
Ambitieux, l’objectif du Sénégal en matière de reforestation s’inscrit dans une stratégie environnementale tout aussi audacieuse. Pour le président Macky Sall, il s’agit de « bâtir un Sénégal vert », ce qui implique d’importantes transformations, notamment en matière agricole.
Alors que l’agriculture traditionnelle continue de dégrader les sols et la biodiversité et qu’elle contribue à hauteur de 37 % aux émissions de gaz à effet de serre (contre 24 % au niveau mondial), l’abandon du modèle productiviste au profit d’un système de production plus durable et respectueux des équilibres des écosystèmes s’impose.
Accélérer la transition pour une agriculture respectueuse de l’écologie
Le gouvernement sénégalais est ainsi décidé à amorcer la transition agroécologique. Il a d’ailleurs invité les pays voisins à en faire de même lors du premier symposium panafricain sur le sujet, qui s’est tenu à Dakar en novembre 2015. Une initiative qui a permis au Sénégal d’être sélectionné par la FAO comme pays pilote pour un projet de « mise à l’échelle supérieure de l’agroécologie ».
Le pays a également été choisi par l’Agence régionale pour l’agriculture et l’alimentation (Araa) et la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour participer au Programme d’appui à la transition agroécologique en Afrique de l’Ouest.
Spécialiste des partenariats public-privé, le Sénégal a su s’associer au secteur privé pour mettre en place sa transition agroécologique et inclusive. La preuve : lors de la célébration de la journée internationale de la femme, le 8 mars dernier, le pays a frappé fort en annonçant le « Projet d’appui aux femmes dans l’agriculture le développement durable et l’écologie » (PAF/AgriFed). Doté d’une enveloppe d’un milliard de francs CFA (environ 1,6 million d’euros), le projet vise à rendre économiquement autonomes et à renforcer la résilience au changement climatique de 30 000 agricultrices sénégalaises.
Né d’un partenariat entre ONU Femmes et BNP Paribas, ce programme dispose également du soutien fort du gouvernement sénégalais. « Ce partenariat entre l’ONU Femmes et BNP Paribas résulte de la parfaite concordance entre les orientations nationales articulées autour du Plan Sénégal émergent (PSE) et la grande ambition du projet, qui consiste à accompagner les agricultrices sur la Vallée du fleuve Sénégal », a ainsi déclaré Salimata Diop Dieng, ministre sénégalaise de la Femme, de la famille et du genre.
Améliorer la gestion de l’eau
Ce partenariat semble d’ailleurs avoir inspiré d’autres acteurs internationaux. La Banque africaine de développement (BAD) a en effet approuvé, mercredi 17 juillet, un prêt de 87,6 millions d’euros au gouvernement du Sénégal. Objectif : permettre à ce dernier de mettre en œuvre son « Projet de valorisation des eaux pour le développement des chaînes de valeur » (Provale-CV).
Cofinancé par la BAD (à hauteur de 60,8 millions d’euros) et par le fonds chinois African Growing Together Fund (AGTF, à hauteur de 26,8 millions d’euros), le projet prévoit d’augmenter durablement les productions agricoles, les emplois et les revenus en milieu rural à travers la mobilisation des eaux de surface et des eaux souterraines, selon l’agence Ecofin.
Un enjeu essentiel, tant l’agriculture est un secteur gourmand en « or bleu ». Pour optimiser la gestion de cette précieuse ressource, les jeunes entrepreneurs sénégalais sont également mobilisés. Des start-up innovantes ont ainsi été créées, comme Nano Air, une jeune pousse qui permet aux agriculteurs de gérer leur système d’irrigation à distance. Des initiatives qui doivent permettre une gestion optimale de l’eau et respectueuse de l’écologie.
Le Sénégal s’apprête donc à relever un double pari : celui de la croissance et du développement tout en protégeant l’environnement et en favorisant l’inclusion sociale. Pour relever ce défi, l’État sénégalais a adopté une stratégie résolument moderne, en mettant la société civile et les entreprises dans les meilleures dispositions pour atteindre les objectifs fixés. Le gouvernement de Macky Sall n’avance pas seul, et multiplie les partenariats avec les organismes internationaux et les grands groupes pour se donner les moyens de ses ambitions. Une stratégie gagnante.
« Pas besoin pour l’agriculteur de marcher plusieurs kilomètres, d’acheter du carburant tous les jours pour atteindre ses champs ou d’engager un pompier : il peut désormais déclencher et arrêter l’arrosage grâce à son téléphone portable », a expliqué Oumar Basse, ingénieur informatique de 27 ans, cofondateur et directeur de Nano Air, lors de la première réunion sur l’agriculture numérique, qui s’est tenue du 28 au 30 avril à Dakar. Preuve que l’écologie est désormais le pari de tous les Sénégalais.