Les musulmans sénégalais ont repris les prières du vendredi. Plusieurs mosquées sont restées fermées par crainte du coronavirus, malgré l’autorisation officielle de rouvrir.
Le président Macky Sall a annoncé le 11 mai un allègement des restrictions liées au coronavirus, dont la réouverture des mosquées, après de fortes pressions religieuses. Les autorités du Sénégal ont cependant exigé le respect des règles d’hygiène et de distanciation. C’est le cas dans la mosquée Massalikoul Jinane, située en plein cœur de Dakar, où les fidèles respectent les gestes barrière.
« Je suis venu prier pour la fin de l’épidémie », dit à l’AFP Omar Thiombane, masque sur le visage dans une mosquée à Mbao, près de Dakar, lors de la première grande prière hebdomadaire depuis le début du Ramadan il y a trois semaines.
A Dakar, les fidèles ont afflué par milliers à la grande mosquée des mourides, immense bâtisse située entre les quartiers populaires de Bopp et Colobane.
Serigne Mountakha Mbacké, khalife général de cette confrérie très influente, a appelé ses membres à rouvrir les mosquées en respectant les gestes préventifs.
« On a respecté les mesures barrières comme le lavage des mains, le port du masque et la distanciation d’un mètre. On a été intransigeant »
A Mbao, une fontaine d’eau et du savon ont été disposés à l’entrée de la mosquée. La majorité des fidèles portaient ont mis un masque et ont observé une distance entre eux. Les portes ont été refermées quand la capacité maximale a été jugée atteinte.
« Que chacun vienne avec sa propre natte et avec un masque », avait auparavant relayé un haut-parleur. Dans son sermon, l’imam Pape Moussa Seck a assimilé le coronavirus à « une épreuve divine » infligée à cause des violations des interdits religieux, s’attaquant « au port indécent des jeunes filles, aux agressions et meurtres ».
Certains fidèles ne se sont cependant pas rendus dans les lieux de culte afin d’éviter tout risque de contamination. Et certains imams ont eux-même préféré ne pas rouvrir des lieux de culte dans lesquels il n’avaient pas les moyens de contrôler la foule. « Nous préférons attendre pour y voir plus clair », déclare ainsi l’imam Seydou Nourou Tall.
De nombreuses mosquées sont cependant restées fermées, à l’image de la Grande mosquée et de la Mosquée omarienne, deux importants lieux de culte de Dakar. Les évêques ont eux aussi décidé de ne pas reprendre les messes jusqu’à nouvel ordre. Les catholiques représentent environ 5% de la population.
Depuis mars, les autorités ont fermé les frontières, les écoles et les lieux de culte, imposé un couvre-feu nocturne et le port du masque dans les services publics, interdit les rassemblements et les déplacements interurbains, et limité l’ouverture des marchés.